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Quand les mains parlent à la place des mots...

En quelques instants, la communication tactile entre les personnes peut parfois être tellement forte, tellement riche.

L’histoire d’une amitié

Je connais cette amie depuis des années.

 

Au début, il s’agissait d’une simple connaissance professionnelle. Nous travaillions chacun dans une entreprise avec des responsabilités importantes. Que, parfois, il est lourd de porter au quotidien. En parler, comparer ses difficultés, ses doutes et ses questionnements permet le partage des joies, des plaisirs, mais aussi, souvent du fardeau.


Puis, nous nous sommes découvert le plaisir commun de la danse. Non pas que je sois un bon danseur, mais j’aime le rythme, la musique, l’expression du corps dans le mouvement. Elle aussi. Toujours dans le cadre du boulot, nous nous sommes retrouvés dans des galas où la danse clôturait la soirée. Elle avec son compagnon, moi avec ma Belle. Le rock, la salsa, les danses des années folles, autant de moments de plaisir partagés. Nous nous sommes parfois trouvés seuls à animer la piste de danse devant plusieurs centaines de personnes. Pas de gêne, l’esprit était dans la danse, dans le moment présent et partagé.


On s’est retrouvé quelques fois tous les deux à partager un repas dans des petits restos dans des conditions parfois presque rocambolesques (du genre seuls dans le restaurant avec le cuisinier/serveur). Amusant.
Il est arrivé que nos professions bien différentes nous fassent pourtant croiser nos routes et même nous associent à des projets communs, par le plus grand des hasards. La vie apporte parfois de belles opportunités.
Toujours est-il qu’une amitié est née, basée sur le respect de nos différences et de nos vies, chacun sur son chemin.

La dernière rencontre

Il y a quelques semaines, nous avons eu une suite de rencontres communes et professionnelles avec quelques interlocuteurs.

Protocole. On doit bien se tenir, même si on ne se prend pas trop au sérieux. Tout est réglé comme du papier à musique. Elle veillait à minuter les entretiens.Moi, je retarde son horaire :-).

Ceci n’a pas de rapport avec cela, mais la dernière réunion, nous avions prévu de nous faire un petit resto comme cela nous arrive de temps en temps.

Le resto le plus proche propose des tapas. C’est parfait ; on s’installe. Comme d’hab, en vieux pochetrons, on goute le vin. On est tous deux grands amateurs, la différence, c’est que moi, je ne m’y connais pas (mais chut, il ne faut rien dire…). Les tapas étaient bons, ainsi que les quelques verres de vin.


Comme à notre habitude, la discussion glisse vite sur un ton sincère, personnel, voire même intime à certains moments. Partage de rêves, de moments de bonheur.

Elle est passionnée de littérature et même d’écriture. J’aime beaucoup aussi. Elle me raconte ses échappées livresques. Je partage mes virées sportives. C’est très chouette, on est bien, on partage le plaisir d’être là. Soirée de fin d’été, chaleur restituée par les trottoirs de la ville. Dans la simplicité et le partage.
Vient le moment de nous mettre en route.


Tout de suite, involontairement, je pense, nous étions rapprochés l’un contre l’autre pour marcher. Elle m’attrape le bras, elle le rate, et sa main glisse dans la mienne. Elle y est restée deux secondes. Pas besoin de plus, on s’est dit ce qu’on avait à se dire. Tout simplement. Beau moment. Je déguste.


Trois cents mètres plus loin, nous arrivons aux voitures.
Je ne sais pas pourquoi, je dépose mon classeur sur le muret et je la prends dans mes bras pour une belle étreinte. Trois secondes, pas plus. La suite de la conversation. Nous nous quittons ; la journée se termine.
J’ai souvent pensé à ces dernières minutes. Deux petits échanges tactiles, furtifs, volatiles. Ils étaient brefs. Ils ne devaient pas être plus longs. Ils étaient magiques, légers, ils sonnaient juste, ils devaient être là. Aucun de nous deux n’a rien fait pour les provoquer, ni pour les éviter.


Le corps a parlé, il a dit ce que les mots n’ont pu dire durant la soirée. Très pudiquement. J’adore, c’est beau, c’est lumineux.

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