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Madeleine

La Madeleine de Proust, un vieux souvenir d'école

L’hyperesthésie, côté goût, est souvent mise en relation avec la « Madeleine de Proust ». Je n’avais plus qu’un vague souvenir de Marcel Proust, datant de mes études secondaires. Comme tout potache de cet âge j’avais dû passer par la lecture de quelques œuvres de référence dont sans doute un tome d’« A la recherche du temps perdu ». Je me souvenais d’une littérature peu facile d’accès, et surtout de phrases d’une longueur kilométrique…

Force est de reconnaître que le peu que j’ai relu ces derniers jours m’incitent à dire que mon souvenir n’était pas tout à fait exact.
Et la madeleine, alors ?

Réellement de l'hyperesthésie?

Je souhaitais donc relire le passage en question, afin d’avoir une bonne référence en termes d’esthésie du goût. Hé bien non !

Personnellement et à mon humble avis, il ne s’agit pas d’un exemple représentatif de ce qu’on entend par esthésie. Si, le moment originel où il la goute (la madeleine) -et encore-, mais pas celui où en goûtant une madeleine, il se souvient du temps passé. A la limite, je trouve qu’il s’agit plus d’un phénomène de synesthésie, moment, où il associe un goût (la madeleine) et la situation originelle de sa rencontre avec la saveur que d’hyperesthésie. La réminiscence des temps passés (Dieu merci, souvent les plus heureux) sont souvent associés à des goûts et des odeurs. Je pense que c’est un phénomène très courant pour chacun. Un petit bonheur de nostalgie attaché à une sensation lointaine.

Le souvenir des goûts

J’ai lu un jour que les plus anciens souvenirs de l’être humain sont liés au goût ou aux odeurs. Je pense que c’est bien vrai. Mes premiers souvenirs de l’école maternelle, la pomme d’automne, le chocolat au lait de la pause de 10h. Chaque Cécémel me revoit dans un temps passé lointain et délicieux...
Chaque maison a son odeur. Chaque famille et chaque personne aussi. Celle de la maison se partage ; volontairement ou non. Qui, à un moment ou un autre, n’a pas associé une odeur ressentie en entrant chez quelqu’un à un moment de son enfance ? N’avez-vous pas vos premiers souvenirs liés à des sensations de goût, d’odeur ?

Le texte de Proust

Le fameux texte de Proust, tiré de la série « A la recherche du temps perdu », 1° tome « Du côté de chez Swann », 1913.

"Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j’avais revu jusque-là) ; et avec la maison, la ville, la Place où on m’envoyait avant déjeuner, les rues où j’allais faire des courses depuis le matin jusqu’au soir et par tous les temps, les chemins qu’on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé."

 

Et puis, Madeleine, elle aime tant cà….

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Commentaires: 2
  • #1

    Amaranthe (lundi, 12 novembre 2018 16:32)

    Vu que je propose toujours des madeleines à mes formations, je penserai à toi à chaque formation !

  • #2

    Emmanuelle (lundi, 12 novembre 2018 16:35)

    Quel merveilleux article. Merci Gédéon !