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L’hyperesthésie, c’est bateau…

Tout le monde est hyperesthésique ? Non, pas tout à fait. Un bref regard sur la différence...

 

L’hyperesthésie, ce n’est rien que du normal

Depuis que j’ai compris que je montrais les symptômes de l’hyperesthésie, je me suis dit mille fois que ce n’était rien de particulier, que chacun pouvait se reconnaître dans la description du syndrome, que c’est simplement une manière de fonctionner de tout un chacun et que je me faisais un film.
Et à chaque fois, je mettais tout de côté, sous un couvercle et je passais à autre chose.


Ce n’est que petit à petit que l’évidence s’est imposée.

Le Haut Potentiel est maintenant reconnu

D’abord, les caractéristiques du Haut Potentiel ne sont maintenant plus remises en cause. Il y a trop de littérature, d’articles et de témoignages sur le sujet que pour l’ignorer. De plus, je pense que socialement, le phénomène commence à être connu, et parallèlement par le milieu scientifique. Ce qui déteint sur la vue globale que tout un chacun peut avoir sur le sujet.


Les tests passés et ma recherche sur le sujet m’ont aidé à objectiver mon comportement.

En ce qui concerne l’hyperesthésie c’est beaucoup plus compliqué

Même si je n’en parle que très rarement,j'imagine le regard des personnes non concernées qui se disent que c’est vraiment manière de faire un plat à partir de rien. Ou bien ceux qui se disent que tout le monde est comme cela, et que c’est une manière d’attirer l’attention

 


Je ne pense pourtant pas.

 

Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas la même façon de percevoir que tout le monde. Et la même manière de fonctionner. Qu’en est-il ? Est-ce vraiment un ensemble de caractéristiques particulières ou la prise de conscience un peu plus aigüe du fonctionnement de l’humain ?


Franchement, je n’ai pas de réponse péremptoire. A nouveau, sans être un spécialiste en la matière, il est certain que tout le monde réagit aux stimuli extérieurs. Bien sûr, les 5 sens de chacun sont continuellement en éveil, et c’est par cette voie que nous percevons l’environnement qui nous entoure. Les situations nous paraissent agréables, désagréables ou simplement telles qu’elles sont grâce à ces sensations.


Là où cela coince, c’est lorsque que l’intensité des stimuli et la quantité d’informations est surabondante au point de parasiter notre bon fonctionnement, le fonctionnement de monsieur Toutlemonde.

L’hyperacuité aux stimuli sensoriels

Plus qu’un autre l’hyperesthésique est sensible aux perceptions sensorielles.
Il y a quelques jours, j’étais en réunion dans une pièce d’une maison assez récente, dont le plancher de l’étage (dans la pièce ou nous étions) n’était pas encore placé. Le volume était donc particulièrement inhabituel et le proportions « normales » n’étaient pas respectées. Je me suis senti mal dès l’entrée dans la pièce. J’’ai immédiatement compris pourquoi. Cela a duré toute la réunion.


Combien de fois, le bruit d’une horloge (le plus souvent électrique) ou même d'une montre ne m’embarrasse pas, au point de me faire perdre le fil de mes idées…


Bien plus que d’autres, nous décortiquons les détails perçus par nos cinq sens. Ceux que les autres ne relèvent même pas. Avec une force, avec une intensité qui n’est pas en proportion avec le stimulus.


Des personnes montrant un profil aiguisé dans un domaine particulier sont, je dirais, encore plus sensibles que nous. Mais bien souvent, c’est dans leur domaine d’excellence. Ainsi, l’œnologue a le goût mille fois plus affuté que je ne pourrais l’avoir, l’oreille du musicien lui révèle tant de choses que je n’imagine pas (il s’agit là d’une des intelligences multiples), la main du menuisier détecte immédiatement la petite irrégularité, le marin ressent la mer avec une acuité qu’aucun autre ne possède, …

La multiplicité de stimuli sensoriels

J’étais en discussion, il y a quelques jours, dans un parc à proximité d’une voie de circulation importante. La nuit était tombée et on pouvait apercevoir, au travers des arbres dénudés, les phares des véhicules ainsi que le bruit de la circulation. Je n’aimais pas ; j’en étais gêné, mais qui ne le serait pas ? On finit par s’habituer, et on les entend/voit plus et la discussion continue et la vie aussi. Moi pas. Chaque voiture qui passait faisait une ride sur la surface de mes pensées et le flot du passage provoquait des vagues. Puis, miracle, par suite de la variation du flot des véhicules, durant quelques minutes, plus rien. Plus de lumières, plus de bruit. L’effet a été immédiat sur moi. Les tensions sont retombées ces quelques instants, une sérénité éphémère m’a retrouvé. Quand je l’ai fait remarquer à mes interlocuteurs, personne n’avait rien remarqué. Normal, leur cerveau filtrait toutes ces agressions extérieures pour se concentrer sur la discussion, sur le principal du moment. La bulle les protégeait de l’extérieur. Les veinards.


A côté de cela, je relevais le froid qui était humide, les personnes qui passaient sur les chemins aux alentour, le banc qui n’était pas vraiment confortable, le col de mon interlocuteur qui était de travers, la veste de celui qui passait derrière d’une couleur inhabituelle, le branches de arbres qui bougeaient avec le vent, …


Et c’est là, que la différence est palpable, qu’elle fait de nous des personnes un peu différentes. Non protégées des perceptions « parasites » mais de véritables éponges qui doivent trier, analyser tout ce qui est ressenti pour pouvoir « désosser » le moment présent, identifier l’important et en tirer l’essentiel. Il est vrai aussi que cette perception ininterrompue de l’environnement, nous tient aux aguets et nous garde à l’affût de nombreuses situations que d’autres ne perçoivent pas.


La perception de l’environnement passe bien entendu par la perception de l’autre. Une attitude, une remarque, un regard, le ressenti au toucher… sont autant d’informations sur l’autre que nous décodons, et assimilons. Sans nécessairement aller plus loin.  Certaines personnes peuvent avoir du mal à se sentir « captées ». Pourtant c’est tout à fait indépendant de notre volonté et n’a aucun objectif à s’immiscer dans la vie d’autrui.…

L’esthésie, c’est bateau…

L’hyperesthésie est caractérisée par un hyperdéveloppement de l’ensemble des sens. Un système de perception toujours à vif et surtout l’absence de mécanismes permettant leur tri est, je crois un des facteurs qui nous rend réellement différents. Avec cette charge à porter. Qui peut parfois être un atout, mais qui est bien difficile à mettre en valeur. Et qui peut parfois être une véritable souffrance.


Alors, c’est bateau ? Je dirais donc que oui, tout le monde est esthésique. Et chouette !


Et quelques-uns sont hyperesthésiques. Si c’est ton cas, vite, parlons-en.

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Commentaires: 4
  • #1

    Véro (dimanche, 10 février 2019 08:39)

    Merci pour ton récit, merci de prendre soin de toi en me partageant tout ce que tu éprouves. Ton écriture est fine et agréable à lire�. Merci

  • #2

    Gédéon (lundi, 18 février 2019 12:43)

    Merci Véro.
    Que de beaux commentaires et de mercis!
    J'espère que ceci te permet de mieux comprendre l'hyperesthésie...

  • #3

    JACLINE59 (jeudi, 13 juin 2019 12:58)

    BONJOUR
    j'aurais dû écrire plus petit,
    que peut faire un médium sur une personne hyperesthésique?
    du stress, au point que les yeux se voilent, que les nerfs se réveillent,
    que les sons sont assourdissants, jusqu'à entendre des grincements de porte
    que personne n'a entendu jusque là, c'est pas vivable
    MERCI DE ME LIRE J.

  • #4

    Gédéon (jeudi, 13 juin 2019 19:29)

    Bonjour JACLINE59,
    Merci pour ton message.
    Je ne suis pas sûr de bien le comprendre. Je ne suis au courant de l'effet des médiums sur les hyperesthésiques. Par contre l'hyperesthésique ressent beaucoup de choses, peut-être à l'image du médium...
    Bientôt un article paraîtra sur la difficulté effective de supporter tous ces stimuli. C'est vrai que c'est une sensation d'être assailli... Courage.