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L’art de perdre son temps


De l’extérieur, je pourrais bien souvent paraître perdre mon temps. Il s’agit pour moi d’une réelle nourriture intellectuelle.

 

Peut-être aurais-je du trouver un autre titre pour cet article, mais je l’ai en tête depuis si longtemps…

 

J’aime perdre mon temps

En réalité, ce titre cherche un peu la provoc.

 

Je ne perds pas réellement mon temps ; en tout cas à mes yeux. Je le consacre à ce qui a de la valeur pour moi. Je me permets de le consommer comme il me plaît, d’une manière qui me convient et qui m’apporte de la satisfaction, voire du plaisir.

 

Non, je ne reste pas à rien faire. Peut-être est-ce un luxe réservé à la sagesse ? Je ne suis pas encore là, et de loin….

 

Au contraire, je consacre beaucoup d’énergie à ce que je fais. Disons qu’à certains moments, ce que je fais s’éloigne de la rentabilité et de l’efficience souhaitée dans la rationalité bien souvent recherchée.

 

Bon, je m’explique.

 

Lorsque je suis sur un sujet, je trouve parfois, souvent, qu’il est réellement beau et assez logique de s’étendre sur un point ou un autre…. C’est de l’esthétisme intellectuel, du plaisir de s’éloigner du chemin battu, ou simplement d’aller où je me dis qu’il faut aller.

 

Mais cela ne correspond pas toujours au sillon tracé par le convenu social. Ce n’est peut-être pas non plus ce qui est attendu de moi…

 

Deux exemples, pour mieux me faire comprendre.

 

Je vais randonner. Au-dessus de moi, une crête que rejoint le chemin, qui la quitte quelques centaines de mètres plus loin. C’est tellement meilleur de prendre la crête dès le début, monter dans le pierrier, l’atteindre et l’accompagner jusqu’à son terme, être avec elle tout au long de sa vie. Esthétiquement, c’est tellement plus beau. Physiquement, c’est tellement plus logique. Intellectuellement, c’est tellement plus satisfaisant…

 

 

Je vais randonner. Au-dessus de moi, une crête que rejoint le chemin, qui la quitte quelques centaines de mètres plus loin. C’est tellement meilleur de prendre la crête dès le début, monter dans le pierrier, l’atteindre et l’accompagner jusqu’à son terme, être avec elle tout au long de sa vie. Esthétiquement, c’est tellement plus beau. Physiquement, c’est tellement plus logique. Intellectuellement, c’est tellement plus satisfaisant…

Je fais une étude pour un client. J’ai un bon de commande qui définit exactement le périmètre de la demande. Fixé sur un budget, certes, le client aura la réponse à sa demande. Mais c’est tellement mieux d’envisager une façon complémentaire d’appréhender la problématique que cela ne peut pas être ignoré. On ne peut pas passer à côté. Je vais passer du temps, mon temps, à développer la façon complémentaire. Je ne toucherai pas un euro de plus. Je n’aurai aucun autre avantage que d’avoir été au bout de mon idée. Le client en sera le plus souvent intéressé, peut-être ravi, ou se demandera pourquoi j’ai perdu du temps pour réaliser ce qui n’était pas demandé et qui ne sera de toutes façons pas payé.

Privé ou professionnel ?

Que ce soit au point de vue professionnel ou privé ne fait aucune différence pour moi dans mon comportement. Dans les deux exemples plus haut, j’ai choisi l’un et l’autre. Par ailleurs, j’ai la chance -ou la malchance, selon les avis- de travailler de manière tout à fait indépendante. Je vends mes prestations et je facture celles qui me paraissent devoir être facturées. Je chéris la liberté qui me permet d’être moi. D’avancer selon ce que je sens.

 

Il est vrai que de manière privée, je n’avance pas toujours à la vitesse que je voudrais ou qui serait souhaitée.

 

J‘ai la chance d’être accompagnée d’une belle personne, compréhensive. Ainsi, l’organisation de mon environnement de travail, de mes outils, de leur disposition prend parfois un temps démesuré. Ou le temps mis pour le dessin des plans de mon projet, de mon information, pour peser toutes ses dimensions, peuvent paraître démesuré. Le plan de ma maison a été revu sept fois. Et a été modifié en cours de chantier 😊

Cela dit, quand je suis en route dans le « cœur de mon travail », je trace et là, je suis hyper rentable…

Perdre son temps ?

 

Oui, en quelque sorte je perds mon temps. Et je suis toujours plein d’admiration pour les bâtisseurs (une des familles d’âmes telle que définies par Diane Leblanc) qui avancent d’une manière que je trouve si efficace.


 

« Perdre son temps » n’est donc pas à confondre avec « Ne rien faire ». Disons que c’est une manière personnelle de concevoir l’avancement et l’ordonnancement des choses.

 

C’est gratuit, cela ne sert à rien. Ce n’en est que plus beau quand c’est inutile….

 

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